« Réalisatrice abénaki du Canada, mondialement connue pour ses films sur la crise d’Oka survenue en 1990, qui opposa la nation Mohawk au gouvernement canadien, Alanis Obomsawin aime aussi à nous raconter des histoires qui portent l’espoir en germe. Les relations familiales, les questions d’éducation et sociales sont au cœur de son œuvre.
En une quinzaine de films, elle a su nous offrir un nouveau paysage autochtone. Connue pour son franc-parler, prolifique et luttant sur tous les tableaux, Alanis a largement contribué à rectifier l’image de l’Indien au cinéma.

Son peuple la surnomme « Ka-li-la-wato », « Celle qui nous rend heureux ».
Membre de la nation Abénaki, Alanis Obomsawin naît et passe son enfance dans la réserve d’Odonak, située à quelque 113 km au nord-est de Montréal. Elle y vit jusqu’à l’âge de 9 ans, quand ses parents déménagent à Trois-Rivières. La transition du milieu rural au milieu urbain s’avère très difficile car, en plus d’être coupée de son milieu naturel, elle ne parle ni anglais ni français.
Au début des années 1960, Alanis Obomsawin commence à se faire connaître par ses chansons et sa façon de raconter des histoires ; elle s’efforce de préserver et de maintenir l’histoire et la culture des peuples amérindiens du Canada. En 1960, elle débute au Town Hall, à New York. On peut également la voir dans l’émission Sesame Street et à travers de nombreuses tournées au Canada, aux États-Unis et en Europe.
En 1967, l’Office national du film du Canada (ONF) lui demande d’agir en tant que conseillère pour un film sur les autochtones. Depuis lors, elle partage son temps entre les spectacles et la réalisation ainsi que la production de films. Elle réalise et produit de nombreux films et compose deux ensembles multimédias, Nanowan et Liliwat, en coopération avec différentes nations indiennes. En particulier, elle réalise et produit Sounds from our People, une série de six émissions destinées à la télévision éducative canadienne. Puis, à l’ONF, elle produit, réalise et scénarise documentaire sur documentaire, « pour que nos peuples aient un endroit où se faire entendre, pour montrer et faire comprendre l’injustice faite à nos gens ».
Une quinzaine de films au tableau de cette cinéaste amérindienne qui mène son combat sur plusieurs fronts : films, conférences d’école ou d’université, concerts, gravures et expositions…
En 1971, Alanis achève son premier film, Christmas at Moose Factory. Son deuxième film, Mère de tant d’enfants (1977), est un projet auquel elle tient énormément, et ce, dès le début. Alanis y retrace le cycle de la vie – naissance, enfance, puberté, jeunesse, maturité, vieillesse – en nous présentant des filles et des femmes de bon nombre des premières nations du pays. C’est un album de famille, un album de la féminité autochtone…

Plus tard, ses films traitent davantage de politique et de société, à commencer par Les Événements de Restigouche (1984), un film important pour Alanis, car il est l’un des premiers à révéler sa force de caractère.

Alanis Obomsawin entreprend ensuite une autre œuvre importante, Richard Cardinal : le cri d’un enfant métis (1986), qui porte un regard poignant sur la courte vie d’un adolescent métis qui s’est suicidé après avoir fait 28 foyers d’accueil et maisons d’hébergement.

Par la suite, Alanis fera bien d’autres films ; tous traitent du travail d’institutions autochtones au service des autochtones. Viennent ensuite les événements d’Oka, une crise survenue l’été 1990, et la série de films autour de cet affrontement : le plus connu reste Kanehsatake : 270 ans de résistance, qui a fait le tour de la planète.

Parmi ses derniers films, La Couronne cherche-t-elle à nous faire la guerre ? (2002), qui dépeint la violence et les tensions raciales au Nouveau-Brunswick, puis en 2003 La survie de nos enfants et en 2006, Waban-Aki : peuple du soleil levant.

En 2007, Alanis nous offre Gene Boy revient chez lui, sur un vétéran de la guerre du Vietnam. Puis en 2012, Le Peuple de la rivière Kattawapiskak, qui analyse en profondeur la crise du logement qui frappe les autochtones de l’Ontario.
Enfin, en 2013, Hi-Ho Mistahey !, un film qui remet l’espoir au cœur de l’œuvre d’Alanis Obomsawin et qui rend hommage à la jeune Shannen Koostachin, tuée dans un accident de voiture en 2010 et qui militait pour une éducation équitable. Un rêve qui a été porté collectivement jusqu’aux Nations unies de Genève.
Alanis Obomsawin maîtrise décidément l’art de raconter des histoires !

Bird Runningwater, programmateur des initiatives autochtones au Festival du film de Sundance, en Californie, donne une perspective autochtone du style d’Alanis :
« Les films d’Obomsawin corrigent l’exclusion historique de l’image autochtone dans les films, dont la vaste majorité ont été créés sans l’assentiment et le plus souvent sans le contrôle de l’autochtone dont l’image est utilisée par les médias. Je crois vraiment qu’Alanis se sert de ce média pour rétablir les faits et donner une voix à beaucoup de gens qui, historiquement, n’avaient pas cette possibilité. » »

Texte extrait du site de Bretagne diversité bed.bzh

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