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Nadège Mazars est photographe, installée à Bogotá depuis 2007. Elle était l’invitée du Festival en 2015 pour l’édition « Peuples des Andes » avec une exposition sur la Colombie. Pour suivre son travail c’est par ici !
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« Le premier jour de la quarantaine à Bogotá, je n’ai rencontré que des policiers, des pigeons, déjà affamés, des collègues et un nombre illimité de SDF. C’était le 20 mars, et l’univers bogotanais semblait déjà basculer dans une dystopie bien réelle. Le vide, la pauvreté, l’exercice du pouvoir et du contrôle. Le rêve déchu d’un monde meilleur. L’invisible, caché par les excès et les mirages de la société de consommation, se rendait visible. Mais avec l’étrange conséquence de la disparition de ces millions d’yeux qui décortiquaient auparavant les moindres détails du quotidien au travers des téléphones et réseaux sociaux. Beaucoup de journalistes aussi se devaient de rester en quarantaine. L’étrange paradoxe d’un univers qui se révèle avec si peu de personnes pour le voir. C’est pour cette raison que j’ai aussi pensé qu’il fallait documenter. C’était contestable pour les risques propres à la pandémie, et parce que je n’avais alors pas de commande. Mais c’était aussi pour moi revenir à l’essence même de mon travail de photographe. »
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