Atelier de Pratique du Cinéma d’animation du 21 au 25 août 2017
Au fil du voyage
Réalisation de séquences animées d’après l’œuvre peinte et brodée de Souleymane Baldé, un atelier de l’Association Brikabrac
Atelier de Pratique du Cinéma d’animation du 21 au 25 août 2017
Réalisation de séquences animées d’après l’œuvre peinte et brodée de Souleymane Baldé, un atelier de l’Association Brikabrac
– Cet atelier s’adresse à une dizaine d’adolescents ou de jeunes adultes.
– Chaque participant doit s’engager pour les 5 jours, à raison de 6 heures par jour (10h- 13h et 14h-17h) au tarif de 60€ par personne.
– Les inscriptions seront effectives à la réception d’une fiche d’inscription et d’un règlement (Stage Ado, Festival de Cinéma de Douarnenez / 13 rue Michel le Nobletz / 29100 Douarnenez)– Réaliser un film d’animation qui raconte le voyage de Souleymane en s’appuyant sur ses 14 tableaux. – Le fil conducteur sonore sera son récit, raconté par lui-même. C’est au fil de sa voix que nous allons travailler. – Nous partirons de photographies de ses tableaux, nous permettant de se promener à l’intérieur, par le biais de gros plans, et de mouvements de caméra. Ces images constitueront l’essentiel du film. – Pendant l’atelier, nous réaliserons des séquences d’animation, en utilisant différentes techniques (dessin animé, papier découpé, sable et peinture animé, animation d’objets) pour raconter ou évoquer des événements de son récit qui ne sont pas directement visibles sur ses tableaux. – Ces séquences d’animation, au nombre de 12, seront comme des passerelles entre les 14 tableaux de Souleymane. – Chaque participant aura l’occasion d’expérimenter différentes techniques d’animation, et l’ensemble de la méthodologie nécessaire à leur réalisation. – Le film monté sera présenté au public à la fin de l’atelier.
Matin – Présentation de l’atelier, visionnement de différents films d’animation, explications techniques et méthodologiques. Après-midi – Rencontre avec Souleymane, présentation et photographies de ses tableaux, enregistrement de son récit – Recherches graphiques autour des séquences d’animation – écriture et conception des 12 séquences animées.
Installation des plateaux et commencement des tournages. En parallèle, montage du son et des images des tableaux.
Finitions du tournage et du montage. Projection publique du film, en présence de Souleymane et des familles des réalisateurs en herbe.
Souleymane Baldé est guinéen (de Guinée-Conakry), originaire de Mamou. Il vit de l’artisanat en réalisant du crochet et de la broderie. En 2014 l’épidémie Ebola sévit en Guinée. Les frontières entre les pays limitrophes se ferment mais malgré cela Souleymane quitte son pays pour se rendre non sans mal au Sénégal, à M’Bour. Il est rapidement aidé par le propriétaire d’un restaurant qui l’héberge et lui permet de vendre ses œuvres aux touristes de passage. Pendant cinq mois, Souleymane reste à l’écart de la ville et des contrôles de police. La situation ne s’arrangeant pas en Guinée, il se rend au Mali, à Bamako. Motivé par la réussite qu’il a connu au Sénégal, il poursuit la vente de ses produits artisanaux. Au Mali, les conditions de vie sont plus difficiles. Néanmoins il se lie d’amitié avec deux guinéens voulant rejoindre l’Europe. Ils convainquent Souleymane de faire le voyage avec eux. Ils doivent rejoindre l’Algérie. D’ordinaire se débrouillant seul, Souleymane doit alors payer un passeur pour se rendre du coté algérien, mais les choses ne se déroulent pas comme prévues. Il est abandonné à Gao, au centre d’une zone contrôlée par un groupe de rebelles indépendantistes. Il fuit cet endroit et voyage caché à
l’arrière d’un camion en plein désert pendant une semaine. Il est de nouveau abandonné par un autre passeur à Khalil, non loin de la frontière algérienne. Désormais sans argent, Souleymane est confronté au trafic d’êtres humains.
Une semaine plus tard il arrive à Bordj Badji Mokhtar (première ville algérienne après la frontière) où il est directement transféré dans un camp dirigé par des « chefs » comme il en existe aujourd’hui un peu partout. Il travaille du matin au soir, se pliant aux ordres tel un esclave, gagnant juste assez d’argent pour payer un autre passeur qui l’emmène dans un autre camp… Son statut de clandestin peut lui valoir de trois à six mois de prison ferme, il sait donc qu’il n’a droit ni à l’erreur, ni à la contestation.
Arrivé des mois plus tard à Maghnia, à la frontière marocaine, il est repéré par des militaires alors qu’il tente de franchir cette dernière. Il est emprisonné pendant trois semaines. À sa sortie, il a l’obligation de quitter le territoire algérien en moins d’une semaine. À sa deuxième tentative, il réussit à franchir le fossé et les barbelés qui le séparent du Maroc grâce à l’aide d’autres migrants. Mais là encore, il est repéré par des militaires. Il sera torturé toute une nuit et renvoyé en Algérie sans le moindre argent. La troisième tentative est la bonne. Il parvient à rejoindre la ville de Oudja. Passant par plusieurs villes et camps, Souleymane réussit à entrer en Espagne par la mer après deux essais manqués, et meutriers pour nombre de ses compagnons d’infortune. Il est secouru dans les eaux internationales, d’où il est escorté jusqu’à un centre de séjour temporaire. Il y passe quatre mois, à attendre son laisser-passer.
Peu après son obtention il se rend à Madrid grâce à l’association Dianova qui vient en aide aux jeunes migrant(e)s. Il se dirige ensuite à Lille où il vivra avec une centaine d’autres migrant(e)s dans une tente pendant six mois avant d’être pris en charge par un foyer.
C’est à Lille qu’il a réalisé 14 tableaux en broderie et à la peinture, avec l’aide d’une plasticienne lilloise du nom de Capucine.
Ces tableaux racontent son parcours migratoire de la Guinée jusqu’en France, il les a appelé « Chemin de Croix ».